Je sais, le débat commence à lasser… c’est peut-être que la résignation s’installe, un peu vite à mon goût, dans une population qui comprend après coup qu’elle s’est fait avoir….comme dans la fable.
Mais la récente décision du TF concernant le recours vaudois dans l’affaire Hilcona à Orbe devrait nous inciter à réfléchir aux conséquences pour l’économie d’une décision discriminatoire. Non pas seulement sur ses effets à courts termes, mais aussi dans la situation de dépendance qui s’inscrit dans la durée. Plus brièvement, nous inciter à ne pas baisser les bras.
Le TF, donnant raison à l’Office Fédéral du Développement Territorial (ARE), a jugé que le projet d’expansion de l’entreprise agro-alimentaire n’était pas « urgent » et, en cela, ne justifiait pas d’accorder aux autorités locales et cantonales la non simultanéité de la compensation des terres agricoles convoitées. Pour le TF, la création de 450 emplois n’est par urgent. Point barre. Or 450 emplois, c’est l’équivalent de 15 % de la population active de la Ville d’Orbe. En proportion, c’est donc un projet de près de 10’000 emplois en Ville de Berne !
L’ARE a reconnu dans d’autres dossiers le degré d’urgence à des projets publics, la construction d’une école par exemple. La population lui en sait gré, mais peut s’interroger sur cette équation, un peut courte je vous le concède : il est urgent de mettre les enfants à l’école mais pas de donner du travail aux parents… Je ne sais pas pour vous, mais moi j’y vois comme un dogme. Et je m’en inquiète.
Ce qui doit également nous inquiéter, c’est que notre capacité de réaction à des cycles conjoncturels ou périodes de crise s’en trouve annihilée. Rappelez-vous, il n’y pas si longtemps la dernière fois c’était en 2008, l’appel lancé par nos autorités fédérales et cantonales de soutien à des projets pour relancer une économie en berne. D’urgence, nous étions appelés à les accélérer. Dans une telle situation, et soyons certains qu’elle se reproduira, est-ce que le TF interprétera différemment la notion d’urgence ? Lui seul le sait, c’est d’ailleurs le risque. Mais son interprétation montre son ignorance, ou son indifférence, des mécanismes de l’économie en particulier quand ils impliquent des acteurs internationaux. Aujourd’hui, la LAT empêche clairement toute réactivité et nous prive de capacités de réactions, je n’ose parler d’ambitions.
« Que faisiez-vous au temps chaud ? » pourra alors répondre cette économie au prochain temps de bise. On se rendra alors compte, un peu tard, que dans cette fable la cigale n’est pas celle qu’on croyait être…